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L’influence des réseaux sociaux sur la jeunesse : éveil ou dérive ?

Les réseaux sociaux sont devenus des plaques tournantes de sociabilité, d’information et d’expression pour des milliards de jeunes dans le monde. Mais à quel prix ? Entre promesses d’émancipation et risques insidieux, cette révolution est traversée par des fractures, des excès et des zones d’ombre que la communauté internationale commence seulement à mesurer.L’usage des réseaux sociaux parmi les adolescents a atteint une intensité sans précédent. Jusqu’à 95 % des jeunes âgés de 13 à 17 ans déclarent utiliser au moins une plateforme sociale, et plus d’un tiers affirme le faire « presque constamment » . Aux États-Unis, 73 % des adolescents disent visiter YouTube quotidiennement, dont 15 % presque en permanence. TikTok suit avec une fréquence quotidienne chez environ six jeunes sur dix .Par ailleurs, l’usage « constant » de l’Internet — tous usages confondus — concerne 46 % des adolescents, contre 24 % en 2014-2015 . Cette accélération souligne à quel point la frontière entre monde réel et monde numérique devient poreuse pour la jeunesse.Ce lien perpétuel avec l’écran s’accompagne d’une dépendance subtile. Plus d’un tiers (36 %) estiment qu’ils passent trop de temps en ligne . Selon l’OMS, 11 % des jeunes montrent des comportements « problématiques » dans l’usage des réseaux sociaux, notamment une difficulté à réguler le temps d’usage ou une altération de la vie quotidienne .Avantages : relais d’expression, d’apprentissage et de mobilisationLes réseaux sociaux offrent aux jeunes des espaces de partage, des possibilités d’apprentissage informel et des voix pour s’exprimer. Ils permettent d’entrer en contact avec des communautés au-delà des frontières, d’accéder à des ressources éducatives et de participer à des causes globales. UNICEF souligne que de telles plateformes peuvent informer, connecter, mobiliser les adolescents autour des enjeux de santé, d’environnement ou de droits humains . Le rapport Childhood in a Digital World montre aussi que les compétences numériques croissantes peuvent contribuer à l’employabilité et à l’inclusion .Menaces : sur la santé mentale, l’identité, la désinformationSanté mentale : l’usage intensif (plus de 3 heures par jour) est associé à un doublement du risque de symptômes de dépression, d’anxiété et de stress psychologique . L’OMS indique que jusqu’à 11 % des jeunes montrent des rapports problématiques avec les réseaux sociaux, le plus souvent chez les filles (13 % contre 9 %) .Qualité du sommeil : le « scroll » nocturne fragilise le repos et peut amplifier l’anxiété .Pression identitaire et comparaisons sociales : la quête de validation (likes, partages) alimente l’insatisfaction et la comparaison. Les usages passifs (simple visualisation) ont été liés à des sentiments d’inadéquation .Cyberharcèlement : plus d’un tiers des jeunes interrogés dans 30 pays déclarent avoir été victimes de cyberharcèlement. Dans certains cas, des adolescents évitent l’école pour fuir les agressions en ligne .Désinformation et manipulation : les algorithmes favorisent une « bulle informationnelle » où les contenus déjà vus sont amplifiés. UNICEF note que les jeunes non instruits aux techniques médiatiques sont autant susceptibles de prendre pour vraies des fake news que des contenus fiables . Dans un sondage UNICEF auprès de 15-24 ans, 45 % disent s’informer surtout via les réseaux sociaux, mais uniquement 17 % leur font confiance .Exploitation et contenus toxiques : l’exposition aux messages de haine et contenus violents est documentée dans 36 pays, et l’IA accentue la capacité de ciblage des contenus inappropriés .« Je ressens une obligation de consulter mes notifications, même quand je ne veux pas », confie une étudiante de 19 ans interrogée dans une enquête Amnesty. Au total, 74 % des jeunes sondés affirment vérifier leurs comptes plus souvent qu’ils ne le souhaiteraient .Des associations et ONG réclament davantage de responsabilité de la part des plateformes. Par exemple, Amnesty alerte contre le « design addictif » imposé à des publics vulnérables . Dans plusieurs pays européens, des familles intentent des procès contre des applications accusées d’addiction infantile . Au Danemark, le Premier ministre a proposé d’interdire l’accès aux réseaux sociaux aux moins de 15 ans, les qualifiant de « voleurs d’enfance » .Par ailleurs, certaines initiatives promeuvent l’« éducation numérique » : dans les écoles, on forme à la vérification des sources, à la régulation de l’usage, à la conscience des algorithmes. Des plateformes mettent en place des fonctions de limitation du temps d’usage, des alertes de fatigue ou des espaces de contenus positifs.Le défi consiste à préserver les libertés d’expression et d’accès à l’information tout en protégeant les jeunes des excès d’un outil puissant. Les pistes suivantes émergent :Encadrer l’architecture algorithmique : plus de transparence sur les critères de recommandation ; limiter les fonctions incitatives (scroll infini, notifications excessives).Renforcer l’éducation aux médias et à la littératie numérique : dès le plus jeune âge, enseigner à détecter la désinformation, à comprendre le fonctionnement des plateformes.Fixer des limites de temps raisonnables avec l’implication de l’entourage : aides techniques (minutes, pauses), mais surtout accompagnement parental ou éducatif.Légiférer avec nuance : plusieurs pays examinent l’âge minimum d’accès aux réseaux sociaux ou des obligations de contrôle parental — sans tomber dans l’interdiction pure et simple.Soutenir la recherche indépendante pour évaluer les effets à long terme et guider les politiques publiques.Les réseaux sociaux peuvent être des vecteurs de soutien, de créativité et de citoyenneté. Mais ils ne sont pas sans danger. L’enjeu est de trouver un équilibre — celui où la jeunesse n’est ni enfermée dans le virtuel ni abandonnée à ses excès. L’heure n’est pas au renoncement, mais à l’élévation de la conscience collective, à l’action pédagogique et à la régulation responsable.Face à cette ère numérique, Landaya News affirme : informer pour que la jeunesse puisse exister librement, tout en restant protégée.

Par Landaya News, la confiance au service de l’information.

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