Le coton guinéen : un potentiel en attente de renaissance

Longtemps considéré comme l’un des symboles de la richesse agricole ouest-africaine, le coton guinéen cherche aujourd’hui à retrouver sa place. Dans les plaines de la Haute et de la Moyenne Guinée, des milliers de producteurs gardent encore l’espoir de voir leur « or blanc » redevenir une source de fierté nationale et de prospérité rurale.Relancée à plusieurs reprises depuis les années 1990, la filière coton peine à décoller durablement. Les chiffres en disent long : 27 000 tonnes produites en 2001, un pic de 65 000 tonnes en 2015, puis une lente baisse ces dernières années. Pourtant, les experts estiment que le pays pourrait atteindre 100 000 tonnes si les conditions de production, d’encadrement et de commercialisation étaient réunies.

La Haute Guinée reste le cœur battant de cette culture, avec ses terres vastes et fertiles. Mais les producteurs affrontent des obstacles persistants : semences vieillissantes, intrants coûteux, infrastructures insuffisantes, routes dégradées et prix instables sur le marché mondial. Autant de freins qui étouffent l’élan d’une filière pourtant riche de promesses.Face à ces défis, des signaux positifs émergent. L’installation d’industries textiles locales, comme celle de Sanoyah, ouvre la voie à une transformation sur place du coton guinéen. Les marchés régionaux, de plus en plus intégrés, offrent également des débouchés favorables. Dans un contexte où la demande mondiale de fibres durables s’intensifie, la Guinée pourrait, avec des stratégies claires, miser sur un coton « propre » et compétitif.La relance de cette filière ne dépend plus seulement des producteurs : elle repose sur la coordination entre État, investisseurs et coopératives agricoles. Le coton guinéen n’a jamais cessé d’exister ; il attend simplement d’être redressé, revalorisé, réorganisé. Sa renaissance pourrait bien être le signe d’une Guinée qui renoue avec ses forces rurales, son savoir-faire et sa dignité agricole.

Djoumè Koundian SACKO